4 avril – 14h10
Après un déjeuner raffiné (aux « Sources »), nous avons le privilège d’être une quinzaine réunis autour de l’éminent psychiatre Christophe André.

Il y a pour moi deux Christophe André :

  • Le Christophe chercheur et médecin, psychiatre reconnu au niveau international pour les troubles psychiques, en particulier la dépression : un des grands maux de notre modernité… et auteur d’une quinzaine de best-sellers sur « être heureux », « les états d’âme », « Secrets de psy » ou, plus récemment « Méditer, jour après jour » (très beau livre avec de belles illustrations, ed l’Iconoclaste)
  • Et j’ai découvert en août 2009, lors de la 15ème Université Hommes-Entreprises, derrière l’auteur, l’homme public, un médecin particulièrement à l’écoute des gens ; qui, comme certains rares chefs d’entreprise médiatiques, possède une qualité rare : l’humilité.

Après, en découvrant: »Méditer, jour après jour », j’ai compris qu’il cherchait encore à développer cette écoute par « la pleine conscience », dont nous reparlerons plus loin.
Nous ferions bien d’en prendre de la graine, car, nous rappelle Christophe André en commençant son exposé sur la confiance, d’après une étude scientifique conduite aux Etats-Unis, les hommes trop contents d’eux ne sont pas attirants pour les femmes !
Retraçons ici quelques idées fortes de cet exposé brillant, émaillé d’exemples, d’expériences et d’anecdotes, secret de fabrique de notre conférencier.

Confiance et émotion positive

Il y a un double lien : plus je ressens des émotions positives, plus je fais confiance aux autres facilement (et donc par transition, plus je fais confiance, plus je ressens d’émotions positives).
Là, Christophe André aborde une idée essentielle, qui nous relie bien sûr à Philippe Gabilliet : l’idée de psychologie positive : ce qui est important, c’est de travailler sur ce qui va bien. Pourquoi ?

  • Les expériences réalisées sur des populations anxieuses et déprimées montrent qu’elles vont trouver spontanément des mots négatifs pour décrire des situations neutres.
  • Pire, si nous avons des incertitudes négatives, notre cerveau nous incite à nous raccrocher à des certitudes négatives !
  • Il faut donc accepter les incertitudes, mais notre cerveau n’aime pas…

Humeur et coopération

Plus on met les gens de bonne humeur, plus ils aident les autres.

Des étudiants se prêtent à une expérience : on leur donne à chacun une gratification et on les félicite pour leurs qualités ; ensuite, ils doivent traverser une salle, où ils croisent un autre étudiant qui renverse toute une pile de dossiers : spontanément, la plupart des étudiants « mis en condition positive » offrent leur aide.
La même expérimentation réalisée avec un autre groupe test d’étudiants que l’on met de mauvaise humeur montre qu’une petite minorité d’entre eux se montrent serviables au même endroit…
Je termine ce compte-rendu sélectif par un chapitre sur les narcissiques, sur lesquels Christophe a beaucoup insisté et qui a beaucoup intéressé notre groupe de décideurs (sont-ils, sommes-nous confrontés à un narcissique dans notre entourage ?!…)

Les Narcissiques

Constat inquiétant : la population présente de plus en plus de cas de gens narcissiques (personnes n’ayant pas forcément une grande estime d’eux…)

Caractéristiques :

  • Ils ont une vision hiérarchisée des autres
  • Ils cassent le contrat de confiance avec les autres et les entraînent avec eux
  • D’où vient ce constat quelque peu inquiétant ?
  • D’enfants sur-valorisés : on a basculé en quelques dizaines d’années des devoirs que l’on a envers les autres vers nos droits…
  • Du rôle que certains média jouent en sur-vendant aux jeunes certaines vocations : par ex, leur faire croire qu’on peut devenir une grande chanteuse ou une rock star simplement en le voulant (voir certaines émissions dites de télé-réalité…)
  • Le rôle néfaste d’une sur-consommation de télé, jeux vidéo,…

Une étude américaine montre qu’à 18 ans, les enfants américains ont désormais passé davantage de temps devant un écran (télé, ordinateur, i-phone,…) qu’à l’école, où, à priori, on a plus de chances de partager des valeurs de solidarité, de dialogue, de respect de l’autre…

Pour finir, un constat qui nous a tous beaucoup surpris et marqué :
Trop de méfiance, de prudence sollicite beaucoup plus d’oxygène pour notre cerveau, mais trop de confiance peut évidemment nous nuire
Il y a évidemment un équilibre à trouver entre trop de confiance, et pas assez…
Mais comme notre cerveau est beaucoup plus sensible aux pertes qu’aux gains, il nécessite 2 fois plus d’émotions positives que d’émotions négatives…
Et dans le domaine de la vie personnelle, familiale, les chercheurs ont mis au jour que le cerveau a besoin de 5 interactions positives pour compenser une seule émotion négative !…
Pas étonnant- me dis-je- que notre société du « tout, tout de suite ! » et du : « si ça ne marche plus, j’en change ! » connaisse autant de drames familiaux, divorces, séparations,…

Conclusion

Christophe André à Smith Haut Lafitte- photo: JM Laugery

4 bonnes raisons pour faire confiance :

  1. La confiance est la meilleure position de départ (tant sur le plan émotionnel que relationnel) ; Christophe André nous rappelle ce mot de Primo Lévi qu’il affectionne particulièrement : « la confiance n’est pas forcément rationnelle, mais le désespoir, lui, est irrationnel ».
  2. La confiance est contagieuse, la défiance aussi.
  3. La confiance n’est pas l’espérance : elle est, elle, fondée sur le présent et basée sur ce que l’on connaît, sur ce qui dépend de nous.Donc la confiance est plus rationnelle que l’espérance.
  4. Avoir confiance, faire confiance : c’est agréable !

L’après-midi se poursuit par des échanges en sous-groupe et des questions à notre intervenant ;
Ayant raccompagné Christophe à son TGV, je me félicite du bon sens français, qui plébiscite chaque fois les ouvrages de notre psychiatre, des livres qui nous font du bien, qui nous permettent de comprendre nos rapports aux autres dans le but de les améliorer, à l’image de cette conférence-débat si intéressante et utile : elle devrait presqu’être remboursée par la Sécu !

2 réponses sur « Confiance et cooperation »

Dans le prolongement de cet article sur la confiance et son caractère vertueux, me vient une maxime anglaise sur l’honnêteté : « Honesty is the most convenient policy ». Confiance et honnêteté sont certainement liées, je me demande même qui de la poule ou de l’oeuf…
Lucas

tu as raison Lucas, pour avoir confiance, il faut être convaincu de l’honnêteté de son interlocuteur: cela nous renvoie également à la Stratégie de la Bienveillance de la sympathique Juliette Tournant.(dans: « la Stratégie de la bienveillance » ed Interéditions)
si on joue la bienveillance (dans le sens de confiance) sur le long terme, Juliette Tournant démontre que c’est payant.

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