Je n’ai pas fait HEC, mais j’ai lu le dernier livre de Florence Noiville : il est au cœur de l’actualité.

Pourquoi ?

Parce que, après être quand même passé à deux doigts d’un cataclysme économiquo-financier (voir les paroles de Philippe Dessertine au cours de la 15ème « Université Hommes-Entreprises »), avec forces rustines de quelques milliards, en France et ailleurs, nous avons l’impression que tout repart comme avant, comme si rien ne s’était passé : aucune remise en cause profonde de notre système libéral, aucune modification des règles comptables internationales, aucune vraie réflexion sur la place de l’Homme dans l’entreprise.

Les sommets internationaux ont posé les questions, mais il semble que les antagonismes Etats-Unis-Chine versus Europe ou Reste du monde aient encore de beaux jours…

Hors, au-delà du titre évidemment polémique, qui dépasse largement la question HEC, au demeurant excellente école de commerce, Florence Noiville pose une question essentielle : la question du sens de la vie professionnelle et de l’éthique de notre société.

Il y a 25 ans, fraîchement diplômée d’HEC, Florence Noiville est rentrée dans un grand groupe international, responsable du reporting financier d’une grande business unit…

Quelques mois après, à sa 1ère réunion, elle est interrompue dans sa présentation par l’actionnaire américain :

« Very good, Florence, but the only good subject is : how can we make more money? »

Comme on sait que, dans les grands groupes, en l’absence de considération spéciale pour l’Homme, la tentation la plus directe pour faire plus de résultat est de licencier, c’est vite devenu un axe majeur du reporting pour cette société…

Et notre financière a quitté son employeur pour devenir journaliste…

Hélas, 25 ans après, les choses n’ont malheureusement pas évoluées : avant-hier, un ami, cadre dirigeant dans un groupe de prestations de services leader en Europe était contraint au départ, simplement parce qu’il avait le tord d’avoir dépassé 55 ans et que le cours de la Bourse avait plongé suite à la crise !…

Alors, oui, Florence Noiville a raison de poser également le problème de la formation et en particulier des futurs dirigeants, qu’elle soit assurée par HEC, ou par toute autre grande école de commerce ou d’ingénieurs.

Je suis quand même optimiste : cela fait des années qu’il n’y a pas eu de conjonctions aussi favorables pour un changement en profondeur de notre société : avec cette crise, dont les effets se feront probablement encore sentir en 2010 et 2011, le capitalisme sans âme a montré ses limites, voire son hérésie.

Certes, André Comte-Sponville a raison de dire (depuis 10 ans) que le capitalisme est a-moral, (à côté de la morale), mais c’est justement la raison pour laquelle nous devons, nous, cadres et dirigeants, être attentifs à y apporter du sens et des valeurs.

Et pour compléter ce motif d’espérance, les jeunes qui vont nous succéder sont lucides sur la société. Un sondage commandé par l’Observatoire de la confiance de la Poste auprès des 15-25 ans* constate que : les jeunes sont pragmatiques et observent que même si l’argent gouverne le monde, il ne vaut pas pour autant qu’on lui sacrifie ses propres valeurs et sa vie personnelle.

Alors, 2010-2020 : quelles valeurs transmettre ?

Ce sera le thème de notre 16ème Université Hommes-Entreprises.

3 réponses sur « « J’ai fait HEC et je m’en excuse… » : une prise de conscience. »

Ce serait en effet bien que les jeunes d’aujourd’hui soient plus critiques et vigilant vis à vis du capitalisme obscène; en tous cas plus que ceux des années 70 qui étaient révoltés et qui depuis
quelques années sont à la tête de la plupart des grands groupes dans lesquels la seule loi est: Make money!

Bien à toi et à ton équipe,

A priori, formée par l’ESSEC à la même période que Flornce Noiville, je n’aime pas trop que l’on « crache dans la soupe ». A posteriori, j’ai trouvé son livre très pertinent et je partage
complètement son point de vue.

Il pose la question centrale du sens de la vie professionnelle : l’argent pour seul moteur et finalité, la responsabilité des entreprises sur l’emploi, l’environnement, l’utilité générale,
l’épanouissement humain…
Je me suis tout à fait reconnue dans le portait qu’elle dresse de cette génération de « business women » des années 80, formée pour n’avoir qu’un seul objectif : faire gagner le plus d’argent
possible aux entreprises pour en gagner le plus possible soi-même…Comme elle, j’ai vite trouvé vain de mette toute mon énergie à aider une entreprise à faire toujours plus de profit, puis une
autre et encore une autre, selon la logique du conseil en stratégie d’entreprise qui m’employait, secteur très valorisé à l’époque. C’est la raison pour laquelle je me suis tournée vers la fonction
publique, le service de l’Etat me semblant une cause plus noble, davantage porteuse de sens, au point d’accepter une baisse drastique de mon salaire… Plus le temps passe et plus je m’intéresse
aux problématiques humaines, relationnelles, psychologiques, théologiques, éthiques, à tout ce qui me parait profondément porteur de sens.

Ne se contentant pas de dresser un bilan déçu et décevant du rôle joué par les élites du management, Florence Noiville « fait un rêve » et propose des pistes concrètes d’évolution des écoles de
commerce. Si on sent bien qu’il y a un frémissement des mentalités avec par ci par là quelques enseignements sur le développement durable, l’éthique des affaires ou l’alter-management, la remise en
cause d’un modèle qui s’autoentretient n’est pas encore de mise, si on en juge par le nombre sans précédent d’étudiants qui essaient de se frayer un chemin en écoles de commerce !

L’approche de Florence Noiville me fait penser à celle de Laurent de Chérisey avec ses livres « Passeurs d’espoir » et « Recherche volontaires pour changer le monde ». Il y présente des modèles de
réussite « différents », mais très pertinents par rapport aux problèmes à résoudre aux quatre coins de la planète. Plus généralement il développe l’idée selon laquelle une autre conception de
l’économie est possible, fondée sur des valeurs humanistes, respectueuses de l’homme et de l’environnement.

commentaireN°1
A priori, formée par l’ESSEC à la même période que Flornce Noiville, je n’aime pas trop que l’on « crache dans la soupe ». A posteriori, j’ai trouvé son livre très pertinent et je partage
complètement son point de vue.

Il pose la question centrale du sens de la vie professionnelle : l’argent pour seul moteur et finalité, la responsabilité des entreprises sur l’emploi, l’environnement, l’utilité générale,
l’épanouissement humain…
Je me suis tout à fait reconnue dans le portait qu’elle dresse de cette génération de « business women » des années 80, formée pour n’avoir qu’un seul objectif : faire gagner le plus d’argent
possible aux entreprises pour en gagner le plus possible soi-même…Comme elle, j’ai vite trouvé vain de mette toute mon énergie à aider une entreprise à faire toujours plus de profit, puis
une autre et encore une autre, selon la logique du conseil en stratégie d’entreprise qui m’employait, secteur très valorisé à l’époque. C’est la raison pour laquelle je me suis tournée vers
la fonction publique, le service de l’Etat me semblant une cause plus noble, davantage porteuse de sens, au point d’accepter une baisse drastique de mon salaire… Plus le temps passe et plus
je m’intéresse aux problématiques humaines, relationnelles, psychologiques, théologiques, éthiques, à tout ce qui me parait profondément porteur de sens.

Ne se contentant pas de dresser un bilan déçu et décevant du rôle joué par les élites du management, Florence Noiville « fait un rêve » et propose des pistes concrètes d’évolution des écoles de
commerce. Si on sent bien qu’il y a un frémissement des mentalités avec par ci par là quelques enseignements sur le développement durable, l’éthique des affaires ou l’alter-management, la
remise en cause d’un modèle qui s’autoentretient n’est pas encore de mise, si on en juge par le nombre sans précédent d’étudiants qui essaient de se frayer un chemin en écoles de commerce
!

L’approche de Florence Noiville me fait penser à celle de Laurent de Chérisey avec ses livres « Passeurs d’espoir » et « Recherche volontaires pour changer le monde ». Il y présente des modèles
de réussite « différents », mais très pertinents par rapport aux problèmes à résoudre aux quatre coins de la planète. Plus généralement il développe l’idée selon laquelle une autre conception
de l’économie est possible, fondée sur des valeurs humanistes, respectueuses de l’homme et de l’environnement.