La dernière conférence de l’Université de tous les savoirs (www.utls.fr) avait lieu à Bordeaux, le 22 juin 2009.

Notre ancien ministre de l’éducation, Luc Ferry, a fait une intervention remarquée sur : « Face à la crise: développement durable et mondialisation ».

D’emblée, il nous prévient:

Tout miser sur la croissance verte: c’est puéril et prétendre moraliser les affaires est encore un peu illusoire.

Le XXème siècle a deux caractéristiques :

  • La déconstruction des valeurs traditionnelles et la mondialisation. Les valeurs traditionnelles ont bien changées: en 1975, il n’y a pas si longtemps, une femme devait demander à son mari sa signature pour avoir un compte en banque… et dans certains cantons suisses, le droit de vote des femmes n’a été attribué qu’il y a quelques années!… La révolution sociale s’est opérée bien avant la révolution française, avec des mouvements appelés « les Bohèmes »: leur but: vivre sans contrainte, faire table rase du passé, s’opposer aux Bourgeois… Et, paradoxe remarquable, mai 68, autre mouvement issu des Bohèmes, qui villipendait la société de consommation, a été un accélérateur de l’accès aux biens de consommation de masse, qui a profité en premier…aux bourgeois contre lesquels luttaient les étudiants sur leurs barricades…
  • Il nous rappelle ensuite que la première mondialisation, c’est celle des scientifiques, au XVIIIème siècle. Leur but: rendre l’humanité plus libre et plus heureuse. Un vrai projet, avec du sens…jusqu’au moment où le projet de la science tombe dans la compétition du capitalisme moderne. ans cette compétition, il n’y a aucune limite à la concurrence, car à l’autre bout du monde, un nouveau produit peut sortir, plus performant que votre dernière innovation… Quel est le sens de tout cela?

Ces deux caractéristiques ont trois conséquences:

  1. La perte totale du sens de l’histoire
  2. La perte de contrôle de la régulation: qui peux prétendre aujourd’hui fixer le cours des matières premières, comme il y a quelques dizaines d’années? ce sont les marchés financiers qui le font.
  3. Les contradictions de l’homme de droite, du capitaliste.

Il regrette la perte de valeurs (même les amis de mes enfants ne savent plus dire « bonjour monsieur ») tout en faisant tout pour que ses enfants se transforment en roi de la consommation (ils accèdent facilement au dernier portable ou jeu vidéo par la publicité, omniprésente sur les chaînes des jeunes) et de poser clairement le choix qui nous est proposé: « voulons-nous un peuple éclairé ou un peuple de consommateurs-zappeurs ? »

  • Comment renouer avec une croissance faite d’innovation, sans pourrir notre planète?
  • Comment reprendre la main dans le cadre de la mondialisation?

Les solutions : l’Europe et l’innovation.

L’Europe car c’est un moyen d’être plus fort et de donner du sens: c’est l’espace qui incarne les droits de l’homme.

L’Europe a apporté deux grandes valeurs : la liberté et l’amour.

C’est aussi un monde qui respecte l’homme et son bien-être comme on ne l’a jamais eu auparavant… Mais il faut plus, notamment redonner du sens… Luc Ferry conclu son exposé en posant une question en forme de réponse:

Quelle spiritualité pour notre temps ?

Sachant que pour lui, la spiritualité avec Dieu, c’est la religion, et celle sans Dieu est la philosophie.

Mais finalement…si les philosophes, les intellectuels, les hommes de Dieu avaient plus tôt condamné notre course à la croissance par toutes sortes de moyens, serions-nous dans une crise aussi profonde ?

crédit photos: JM Laugery

1 réponse sur « La crise des valeurs par Luc Ferry »

Luc Ferry a raison de poser clairement la question du choix de société: voulons-nous continuer à développer cette société de consommation, comme une fin en soi, avec son cortège de télé, de jeux
vidéo, d’écrans plasma, de portable high tech ou sommes-nous prêts à proposer un autre modèle à nos enfants: plus de culture, d’ouverture aux autres ?