Dimanche 23 novembre, un dimanche banal de début d’hiver, Côme, mon ado de 16 ans, me propose un match de tennis – père-fils- avec un de ses amis, Corentin.

Cette proposition me réjouit doublement : d’une part, ce double me sort de la routine des dimanche après-midi, d’autre part, j’ai eu l’occasion de jouer une ou deux fois contre Edouard,  le père de Corentin, conservant le souvenir d’un quinqua sportif, appuyant bien ses coups : de quoi se décrasser un peu tout en s’amusant, le propre du tennis.

Direction l’USB, le club de mes enfants.

Arrivés sur place, sitôt les retrouvailles passées, nos deux jeunes proposent de se mesurer à nous (ou plutôt, nous proposent de nous mesurer à eux !…)

Le match est fidèle à la promesse, mon partenaire lâche bien ses coups, nos adversaires répondent et l’on termine devant, sur le fil…

L’heure étant vite passée, nos amis nous proposent une deuxième partie, profitant de courts disponibles, mais je décline à regret, ayant un impératif.

Heureux de ce bon moment passé ensemble, nous nous quittons en nous promettant de remettre ça, évoquant même le dimanche suivant.

28 heures sont passées… le lundi soir à 22h00, nous rentrons d’un groupe de prières, mon fils Côme m’appelle avec une voix que je ne lui reconnais pas…

« Allo Papa ? il est arrivé quelque chose de grave à Corentin… tu sais, son père avec qui nous avons joué hier, eh bien… ce matin, il ne s’était pas réveillé… »

J’appris plus tard que « la mort subite du nourrisson » n’est malheureusement pas réservée qu’aux nourrissons… et qu’elle retranche la vie de nombre d’adultes bien portant, ayant une vie saine et équilibrée.

Vous ne savez ni le jour, ni l’heure

A la messe d’enterrement, dans une église remplie d’amis et de familiers, les témoignages poignants de sa famille et de ses amis montrent que le père, mari, ami, collègue de travail, est apprécié de façon unanime.

« Vous ne savez ni le jour, ni l’heure » nous prévient St Matthieu dans son évangile éponyme : c’est évidemment la 1ère parole que m’inspire ce drame.

Soudain, je reprends conscience de la fragilité de la vie, je me souviens également de Michel, ami du CPA, terrassé par une crise cardiaque en rentrant de vacances, que je m’étais promis de revoir à Paris, ou encore de Christophe, dont la femme a perdu la vie dans un accident de moto sur fond de randonnée idyllique aux confins du Népal…

Je relis cette parole avec mes propres réflexions sur la vie que je mène : je cours, je cours, je cours et en oublie de consacrer du temps et de l’attention (j’ai retenu la leçon du professeur Aberkane !…) à tous ceux qui m’entourent : épouse et enfants, collègues de travail, amis d’une vie ou d’un jour…

la gratitude

Je repense également à l’importance de la gratitude, si bien exprimée par Florence Servan-Schreiber : penser à remercier : merci pour ton implication dans ton travail, merci pour ton sourire, merci pour ton attention, merci pour l’exemple que tu es pour moi, merci pour ton abnégation, car tu fais systématiquement passer les autres avant toi, merci pour ta gentillesse et ton humilité, trop souvent écrasées par notre propension aux sarcasmes et à l’ironie…

Oui, ce monde est sûrement imparfait, inégal et injuste – dans la révolte de certains gilets jaunes, on sent l’encrage profond d’un mal-être, voire d’une vraie détresse-  mais il est en même temps si beau, si riche d’expériences humaines, de personnes, au départ ordinaires qui trouvent soudain les ressources pour se transcender, sortes de Super-héros des temps modernes, et la liste est longue… Nous avons la chance d’en côtoyer beaucoup au Ceca : Frédérique Bedos (Projet Imagine), Anne-Dauphine Julliand et son mari Loïc, Ingrid Betancourt, Barbara Hendricks, Philippe Croizon, Dominique Lapierre, Guy Gilbert …, sans compter tous les « Passeurs » : Christophe André, Michel Serres, Pierre Rabhi, Fabrice Haddjadj, Olivier Lajous, Frère Samuel, le Père Nicolas Buttet,…

La vie est un hymne, chante-le

Alors, ami lecteur, si, comme moi, tu es touché par tous les Edouard qui sont partis trop tôt, médite en ton cœur ces paroles de sagesse de Mère Térésa, qui semblent avoir été écrites pour nos vies où l’on a parfois l’impression de passer à côté de l’essentiel, paroles que nous avait rappelées le grand écrivain-reporter Dominique Lapierre, lors de notre 14ème Université Hommes-Entreprises:

 

La vie est beauté, admire-la
La vie est félicité, profites-en.
La vie est un rêve, réalise-le
La vie est un défi, relève-le
La vie et un devoir, fais-le
La vie est un jeu, joue-le
La vie est précieuse, soigne-la bien

 

La vie est richesse, conserve-la.
La vie est amour, jouis-en.
La vie est un mystère, pénètre-le.
La vie est une promesse, tiens-la.
La vie est tristesse, dépasse-la.
La vie est un hymne, chante-le.
La vie est un combat, accepte-le.
La vie est une tragédie, lutte avec elle.
La vie est une aventure, ose-la.
La vie est bonheur, mérite-le.
La vie est la vie, défends-la.

 

Merci à Laetitia, épouse et mère impressionnante de courage et de sérénité, qui a accepté que le départ d’Edouard vers une autre vie, serve de témoignage sur ce site.

photo ci-dessus par Hubert Labouche- Ile de Ré- Toussaint 2018

Photo couverture  by Josh Calabrese on Unsplash

1 réponse sur « Pour Corentin »

Merci beaucoup pour votre très beau témoignage sur Édouard. Vous avez su le saisir en peu de temps.
Mon Corentin, tu as eu la chance d’avoir un Papa hors du commun, sois fort et garde le meilleur de lui.

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *