Chère Muriel, cher Christophe, Vous vous interrogez tout d’abord sur le réalisme de la formule : l’Homme au cœur de l’Entreprise. Sur ce premier point, rassurez-vous, la réponse est évidente et légitime – si besoin était – votre quête. Un raisonnement par l’absurde des plus rudimentaires devrait suffire à convaincre les plus récalcitrants. De sa trivialité, veuillez me pardonner, mais puisqu’il faut que notre cervelle dégénérée se posât encore de telles questions, je me lance… Si pas d’homme au cœur de l’entreprise, pas d’entreprise ! D’entreprise d’hommes, j’entends, étant entendu que l’on se contrefiche ici pas mal des entreprises d’autres espèces (la meute de loups qui cherche pitance, la colonne de fourmis qui construit une digue, etc.) qui ne déméritent pourtant nullement et n’ont souvent aucunement à pâlir devant les nôtres, sur les questions d’éthique notamment, mais c’est là une toute autre histoire… Les puristes rétorqueront que le fait que toutes les entreprises (d’hommes !) connues aient des hommes et donc l’Homme en leur sein, ou plutôt en leur cœur comme vous dites, ne prouve pas que toutes les entreprises en aient… des hommes au cœur, vous suivez ? C’est l’histoire du cygne noir et des cygnes blancs, sur laquelle je ne vais pas m’étendre. Laissez ceux-là à leurs pirouettes et continuons avec le plus grand nombre qui s’accordera, non sans peine, sur l’idée que : « qui dit Entreprise dit Homme ». Et inversement ? Alors pourquoi cette question ? Et bien peut-être parce qu’au sein du système (au cœur direz-vous encore, c’est une manie ?) d’hommes et de femmes qui la constitue et dans lequel évolue cette entreprise, actionnaires dirigeants salariés clients fournisseurs, reliés les uns aux autres par drôle de bobine de fil, vu de l’intérieur comme de l’extérieur, l’équité de traitement fait parfois tellement défaut, que l’on en vient à se demander si tous sont bien au cœur de l’entreprise, ou bien si certains ne sont pas plutôt traités comme des pieds, et donc seulement à la botte de l’entreprise ! Pourtant, les pieds sont au cœur du corps, n’est-ce pas ? De plus, sans pied, l’entreprise aura du mal à marcher… poil au nez ? On marche vraiment sur la tête… Si l’entreprise est un corps, les hommes et les femmes qui la constituent en sont bel et bien les membres ! Que le méchant actionnaire l’ait oublié l’espace d’un instant ? Probable… Mais l’a-t-il fait contre les salariés de l’entreprise ? Il y a de grandes chances que non. Il l’a sûrement fait pour deux raisons très simples, qui souvent nous motivent, et donc nous mettent en mouvement. La première, pour la satisfaction des besoins de sa famille, de ses enfants… La seconde ? Parce qu’on lui a permis, que dis-je, offert la possibilité, vanter les mérites de l’opération ! Que l’abject dirigeant qui roule sur l’or et en jaguar l’ait oublié également ? Combien sont-ils dans ce cas ? Pour ceux-là, croyez-vous qu’il soit facile de renoncer à ce qui vous est gracieusement porté sur un plateau d’argent ? Que diront sa femme et ses pairs et ses parents, lorsqu’il leur annoncera par communiqué de presse un matin : « ça suffit ! J’ai tout plaqué, ou presque, je renonce à tous mes avantages et entends continuer mon action – si les salariés m’en jugent digne – en ne gagnant plus – comme eux – qu’un SMIC et pis c’est tout; comme dirait l’autre ! » Là encore, le système, rien de plus, ou presque… Les plus sages de son entourage se réjouiront pour lui… Jusqu’au moment pour la plupart, où ils en auront assez de faire les poubelles de supermarché pour garnir leur dernière assiette en porcelaine.. Changer le système ? Donner le moyen à ce patron de dire à ses jeunes enfants : « Papa travaille plutôt avec sa tête, d’autres surtout avec leur cœur, d’autres enfin principalement avec leurs bras, et nous sommes tous payés en proportion du temps passé à réaliser cette entreprise, ce bel ouvrage ». Seront-ils choqués ? Diront-ils « Papa est devenu fou ou a viré co-co » ? Pensez-vous un instant qu’ils bêleront : « ce Papa, quel idéaliste ?! » Non, et vous le savez bien même si cela fait froid dans le dos (c’est la conscience qui s’éveille), ils trouveront cela tout à fait normal, ces enfants, nos enfants, ils souriront même – peut-être – en se disant que tout cela est très bien ainsi, et feront de beaux rêves cette nuit-là ! Dites-leur à présent que leur père gagne cent fois plus que cet autre qui travaille avec lui, au motif qu’il a étudié plus longtemps et à plus de responsabilité. Justifier par la même que cet autre n’est pas de toit et peine à nourrir ses enfants. Si ce n’est pas tout à fait normal, si cela sonne faux, dites-lui enfin que c’est en tout cas une bonne leçon de vie, et qu’il faut bien travailler à l’école parce que l’acharnement et le mérite, ça paie… Vous ferez alors de vos enfants ce que nous sommes, ce que nous sommes devenus : des têtes creuses et des cœurs vides ! Mais voilà que je m’égare… Comment mettre en œuvre cette utopie, demandiez-vous ? Pour cela, il n’est pas, je crois, nécessaire de changer de grand méchant système, Dieu merci ! Pourquoi ? Parce que le premier système à vous rendre la vie telle qu’elle vous paraît est en vous-même ! Et que donc, armé d’une once de prise de conscience et d’un zeste de courage, vous pourrez faire en sorte, non pas dans l’entreprise du voisin ou dans celle de France et de Navarre, mais déjà dans la vôtre, que chacun ait une place qui lui permette de parler avec ses enfants de son travail, la tête haute et le cœur battant. Comment ? Ce n’est pas si compliqué, foi de volaille !… Pour autant, que vous soyez motivés, prêts à mettre vos trippes sur la table plutôt que celles d’autrui, prêt à employer toute votre énergie, non pas pour vous lamenter et déblatérer sur un système qui marche sur la tête, ce qu’il fait à n’en point douter vu d’en haut, mais simplement pour rectifier le tir, si besoin, à votre échelle, celle de bois brut qui ne dépend que de vous ! Vos enfants vous regarderont alors d’un autre œil, ce qui en soit devrait déjà en motiver un bon quart sud ouest ! Mais vous vous apercevrez aussi peut-être de surcroît, gonflés comme un coq devant une poule d’une indicible joie, que croissent en vous confiance, champs d’action et rayonnement, agités que vous serez de partager ces idées simples et belles, ravis de
Je ne suis pas daccord du tout. Il ne sfifut pas d’avoir de l’argent, un pseudo pouvoir pour etre e9thique.Une entreprise qui n’est pas profitable ne peut peut etre pas l’etre e0 cause des ces entreprise profitables qui sont loin d’eatre e9thique.L’ethique d’une entreprise de9pend, selon moi, directement de ce qu’elle re9alise avec l’argent qu’elle gagne, mais ce n’est surement pas parcequ’elle en gagne qu’elle pourra eatre ethique.Bien sur, il sera plus facile e0 une entreprise de progresser dans cette voie si elle est profitable, l’argent ne fais pas le bonheur mais il y contribue largement! Faut il encore que se soit l’objectif des chefs d’entreprise.
l’Homme, l’Entreprise, l’Actionnaire… A la veille de cette première rencontre du CECA, je me pose une « question holomorphique »: l’homme n’est-il pas plus au coeur de l’entreprise quand l’actionnaire est lui même un Homme ? les sociétés du CAC 40 n’ont-elles pas plus de mal à faire vivre les valeurs qu’elles affichent « humanisme, ouverture, respect… » que les sociétés familiales ? où vit-on le mieux, chez Dior (LVMH) ou chez Chanel ? chez Castorama ou chez Leroy-Merlin ?
Christophe Je viens de lire les quelques lignes de présentation du thème de ce soir. Le sujet me paraît brulant d’actualité… Mais au-delà du thème spécifique, c’est le simple fait de faire s’assoir ensemble quelques heures durant, des acteurs de l’entreprise et de les faire réfléchir sur le sens de leur travail et la manière de le vivre, de l’exécuter, sur leur responsabilité et tout ça en vérité, qui me paraît pertinent et très intéressant. La question du leadership dans l’entreprise et dans les relations économiques est essentielle. Ta présentation est bien vue et le commentaire qui suit est assez marrant. En tous cas, je suis curieux de voir et d’entendre tout ça cette ap midi. Cordialement Vincent
bonjour, la question de l’éthique managériale dans les banques en période de crise est passionnante: nous travaillons – via ce séminaire annuel qui s’appelle Université HommesEntreprises sur ce thème de l’éthique dans le monde des entreprises depuis une dizaine d’années; ma conviction est que la question de la crise est beaucoup plus vaste que le manque d’éthique de quelques banquiers (et il ne faut surtout pas généraliser…). Je vous propose de voir ce qu’a écrit le brillant économiste Philippe Dessertine à ce sujet: 1) la crise financière vient d’abord du fait que la plupart des gouvernements européens n’ont pas eu le courage de prévenir leurs électeurs qu’il allait falloir se serrer la ceinture, pour partager le gâteau avec les pays émergents… 2) certains (Bill Clinton, puis Bush Junior) ont cru bon de jouer aux apprentis sorciers en proposant aux banques de prêter à des populations n’ayant aucun moyen d’acheter un bien immobilier (à taux 0 ou équivalent), générant la crise des subprime quelques 6 ou 7 années plus tard… 3) les banquiers américains ayant dilué les risques dans des produits financiers à la fois très rémunérateurs et très…risqués, ces produits ont été achetés dans le monde entier, de façon plus ou moins habile et prudente (plustôt pas prudente du tout, malheureusement…) Conclusion: pour ma part, je constate une cupidité quasi-générale associée à une absence de garde-fous (Nixon a depuis 1971 je crois, désynchronisé le dollard de l’or, ce qui permet aux Américains de « faire marcher la planche à billets » sans aucune retenue et en ayant l’impression d’être encore riches !…); 4) en France, nous avons eu 30 ans de dirigeants politiques irresponsables, qui ont laissé s’accumuler un déficit qui a finit par devenir abyssal… il y a pour moi un manque de courage certain, celui d’affronter les manifs de contestataires, parfois bien assis sur les privilèges hérités du passé. A vous les jeunes, à qui la classe dominante a laissé ce déficit, de reconstruire une économie plus juste, c.à.dire plus responsabilisante pour chacun: comptons un peu plus sur chacun d’entre nous, y compris ensemble, de façon solidaire et un peu moins sur l’Etat: l’Etat est H.S.: entreprise, il aurait depuis longtemps déposé le bilan… voilà quelques indications pour vous… bon courage pour le mémoire