C’est avec le philosophe, romancier et professeur Charles Pépin *1, que nous retrouvons le chemin du cycle valoriser le capital humain*2, à Nantes, au château de Maubreuil, avec un sujet qui est au centre des organisations : la confiance.
Pour le philosophe, la confiance a 3 dimensions :
(Charles Pépin; photo: Sophie Steinberger )
La confiance en soi engage l’action
Certains ont une grande estime en eux, mais ne passent pas à l’action
Pour le philosophe Alain, « le secret de l’action, c’est de s’y mettre » !
Agir, c’est toujours mieux que de ne pas agir
La vraie confiance c’est quand on ne sait pas pourquoi on a confiance
On a une confiance originelle au monde, en naissant (philosophe Husserl)
L’humain prend confiance, en premier, grâce aux autres.
Les personnes qui vont très mal peuvent retrouver confiance grâce à une activité manuelle
Ex : Matthew Crawford, qui déprimait dans un cabinet conseil, a ouvert un magasin de motos et retrouvé confiance en lui.
Nous retrouvons confiance, quand on revient à une compétence, à son terrain : ex : bien jouer du piano
On est trop scindé entre nos compétences
Le psychanalyste Erik Erikson démontre que l’on devient compétent, on devient confiant, par la pratique : par exemple, si l’on pratique le piano durant 6000, 8000, 10 000 heures, en aimant ce que l’on fait.
Si je pratique avec la peur au ventre, je deviendrai compétent, mais sans avoir la confiance.
Si je pratique avec amour, je deviendrai compétent, avec confiance.
Il faut se préparer le plus possible, en sachant qu’il restera toujours une part d’imprévu.
La vie, c’est ce qui nous surprend
Il ne faut pas s’enfermer dans la compétence
Dans Nietsche, il y a un personnage : le Consciencieux, spécialisé dans la censure
Il finira dévoré par l’objet de son hyper spécialisation
Il suffit parfois de mettre sa confiance dans la personne, lui confier une mission, pour arrêter la perte de confiance.
Ex : le guide Erik Decamp qui met une personne manquant de confiance en elle en 1er de cordée.
A 11 ans, le prof de danse de Madonna lui parle de sa singularité dans sa façon de danser : c’est ce qui la met en confiance
Il lui confie comme mission l’organisation du spectacle de fin d’année, 15 jours après.
Il l’accompagne.
Elle avait déjà la compétence : ce qui a changé, c’est la relation avec le professeur, qui lui a fait confiance
Il faut arrêter de faire à la place de nos enfants
L’excès, c’est de mettre en confiance, sans faire confiance
… ou de ne pas mettre en confiance et faire confiance
C’est donc un aller-retour continuel
Pour avoir confiance, il faut cultiver le lien avec les personnes qui me font du bien et éviter les relations avec les personnes toxiques
On pense que, globalement, la vie vaut d’être vécue
Il y a un chemin qui n’est ni relationnel, ni technique
Ce chemin est très bien incarné par Etty Hillesum, pendant la 2ème guerre mondiale, décédée au camp d’Auschwitz en 1943.
Cette jeune fille fragile et insatisfaite, transfigurée par la foi, se transforme en une femme pleine d’amour et de paix intérieure, capable d’affirmer : « Je vis constamment en intimité avec Dieu. »
La vraie confiance ne réside pas sur ce que je sais faire
Pour Bergson, il y a un élan vital : dans le lierre, dans les arbres,…
Il faut sortir de soi pour toucher l’élan vital.
Pour d’autres, c’est Dieu
On acquière de la confiance en admirant les autres
On s’inspire des autres, pour développer sa singularité
Tout travail sur le corps permet de mieux se sentir dans le monde
La confiance, ce n’est pas être sûr de soi, c’est même le meilleur moyen de se tromper, car on n’écoute pas les autres.
C’est douter, avec un bon rapport au doute, qui devient un moteur.
Se lancer dans le monde, en acceptant l’inconnu.
Il faut donc une bonne maîtrise, sans se laisser absorber par la technique.
Apprendre à apprivoiser ses peurs, pour avoir plus confiance en soi.
Pour Aristote, les individus ne sont pas compétents individuellement, mais collectivement
Il faut avoir confiance dans le collectif
Croire en nous, c’est donner du temps et de l’espace à ce nous.
Douter de soi permet de libérer l’intelligence collective.
Dans l’éducation, l’école parle souvent de ce qui ne va pas (dans les conseils de classe)
Il faut avoir confiance en son doute
Un collaborateur qui a eu une enfance compliquée, aura besoin de plus de ré-assurance que d’autres
Pousser un interlocuteur vers un terrain où il se sent bien : par ex, un salarié expert du trek, qu’on met en valeur à travers sa passion
Charles Pépin nous raconte l’anecdote d’une fille de sa classe, qui était très timide, n’avait pas confiance en elle et chantait extrêmement bien : en discutant avec elle, il a découvert ce talent et, par la suite, tous les cours de philo commençait par 3 min de chant !
Une de ses élèves, sa façon de suivre le cours de philo, c’était de dessiner pendant le cours !
Et les autres prenaient les notes pour elle.
Le manager met en confiance, il permet à ses collaborateurs d’oser !
On peut être bon pour mettre en confiance ou pour faire confiance.
Il faut être sincère !
C’est ce que je donne aux autres, qui me grandit
Le Tout est supérieur à la somme des parties
Vouloir du bien à l’autre, ce que fait le manager, demande beaucoup d’humilité
Ceux qui n’ont pas confiance en eux, souvent n’ont pas confiance dans les autres…
La joie de vivre donne confiance
Joie de développer son talent dans son métier
La joie m’indique que je suis en train de progresser
Si mon métier ronronne, je ne suis pas dans la joie
Il faut avoir la curiosité dans l’adversité, la joie du combattant
Avoir une joie communicative
Apprécier les talents singuliers des autres, devrait m’inspirer pour développer mon propre talent singulier
La confiance en soi, ce n’est pas que la confiance en soi : c’est la confiance en la vie ! car le moi n’existe pas : on est hétérogène, hétéroclite, changeant, …
C’est une somme d’actions, de relations, de rencontres, avec des idées, … c’est plutôt une sortie de soi.
*1 : A propos de Charles Pépin :
Il est l’un des auteurs français de sciences humaines les plus traduits à l’étranger (ses livres sont traduits dans une trentaine de pays)
Avant de passer l’agrégation de philo, qu’il a enseignée à Sciences Po Paris, il est passé par les meilleures écoles de commerce et de sciences politiques.
Il est l’auteur d’une trentaine d’essais, dont la trilogie :
Les vertus de l’échec- la confiance en soi- la rencontre, mais aussi de plusieurs romans, comme La Joie, variation de l’Etranger de Camus, un de ses livres préférés et de bandes dessinées, comme La Planète des Sages et 50 nuances de Grecs.
Son avant-dernier essai, La confiance en soi, analyse les ressorts de la confiance, nourrie à la fois des encouragements que nous apportent les autres et de l’expérience acquise, qui doit nous mener à l’action.
*2 : le cycle valoriser le capital humain réunit une vingtaine de décideurs, à Bordeaux et à Nantes.
A Nantes, il est organisé en partenariat étroit avec DRO (Dirigeants Responsables de l’Ouest), qui veut mettre la RSE au cœur de la stratégie.
Le cycle VKH est le prolongement de l’Université Hommes-Entreprises, l’université d’été du CECA.
Dates 2022 : les 24 et 25 août, sur le thème de l’audace.
(crédit photo illustration: – Ch de La Chaise)
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