On ne peut rester insensible à la lecture de : Même le silence a une fin , le récit d’Ingrid Betancourt sur ses 6 ans de captivité aux mains des FARC.
Avec l’équipe du CECA, nous avions suivi avec passion l’épopée de sa libération, en juillet 2008, cherchant même un moyen de la contacter en octobre, pour l’inviter à témoigner de cette vie hors du commun à l’Université Hommes-Entreprises sur « retrouver la confiance », en août 2009.
Ingrid Betancourt est un des personnages publics les plus médiatiques au niveau international et aussi un des plus controversés…
Pour moi, le choix a été vite fait ; j’avais déjà eu l’occasion de lire l’ouvrage très documenté que le journaliste Pierre Lunel lui avait consacré : le Courage et la Foi, dans lequel il dit : « je me suis consacré à explorer les aventures de ces héros du bien, vitaminant mon âme, par la même occasion » !
Parmi les personnes d’exception sur lesquelles j’ai eu l’occasion de travailler, la plupart s’étant rendues à notre invitation à l’Université Hommes-Entreprises, Ingrid Betancourt fait partie de ces personnalités qui, comme Guy Gilbert, Catherine Destivelle ou Jacques Baratier, semblent acteurs de leur destin, mais d’un destin d’exception…
Fille d’un ancien ministre et d’une sénatrice, elle devient elle-même sénatrice et se rend compte que le seul moyen de lutter à la fois contre la corruption, les narcotrafiquants et les FARC est de se lancer dans la course aux Présidentielles.
C’est à ce moment, en février 2002, qu’elle tombe aux mains des FARC.
La suite est connue : plus de 6 ans de détention au milieu de la jungle colombienne, dans des conditions souvent proches des camps de concentration : baraquements où s’entassent les otages, fils de fer barbelés et miradors, pressions psychologiques savamment entretenues par les gardiens et brutalité incessantes des FARC, le tout dans l’environnement hostile de la jungle amazonienne et des marches harassantes pour échapper sans cesse aux recherches de l’armée régulière colombienne.
« Ces petites choses du quotidien nous empoisonnaient l’existence, probablement parce que notre univers s’était rétréci. Dépossédés de tout, de notre vie, de nos plaisirs, de nos proches, nous avions le réflexe erroné de nous accrocher à ce qui nous restait, presque rien : un bout d’espace, un morceau de biscuit, une minute de plus au soleil. »
« Ces petites choses du quotidien nous empoisonnaient l’existence, probablement parce que notre univers s’était rétréci.
Dépossédés de tout, de notre vie, de nos plaisirs, de nos proches, nous avions le réflexe erroné de nous accrocher à ce qui nous restait, presque rien : un bout d’espace, un morceau de biscuit, une minute de plus au soleil. »
Sur le temps :
« Cela me fit penser à Maman, qui m’avait suppliée, quelques mois avant ma capture, de l’accompagner voir ce film. J’avais refusé. Je n’avais pas le temps. Maintenant, du temps, j’en avais trop. »
Sur la fatalité :
« Je ne croyais plus aux coïncidences. Depuis mon enlèvement, dans cet espace de vie hors du temps, j’avais eu la possibilité de réviser les évènements de ma vie avec la distance et la sérénité propre de ceux qui ont des jours en trop. J’en avais conclu que la coïncidence n’était que l’aveu de l’ignorance du futur. Avec le temps, les évènements prenaient place dans une certaine logique et sortaient du chaos. Alors, la coïncidence cessait d’exister. »
« Je ne croyais plus aux coïncidences. Depuis mon enlèvement, dans cet espace de vie hors du temps, j’avais eu la possibilité de réviser les évènements de ma vie avec la distance et la sérénité propre de ceux qui ont des jours en trop.
J’en avais conclu que la coïncidence n’était que l’aveu de l’ignorance du futur. Avec le temps, les évènements prenaient place dans une certaine logique et sortaient du chaos.
Alors, la coïncidence cessait d’exister. »
Sur la Foi :
« Je me souvenais d’avoir lu dans ma Bible, que l’Esprit Saint nous secourait dans notre besoin de communication avec Dieu, sachant mieux que nous ce qu’il nous convenait de solliciter. J’avais pensé à ce moment là, en le lisant, que je ne voulais pas que l’Esprit demande pour moi autre chose que ma liberté. Et l’ayant formulé ainsi, j’avais compris que je ratais l’essentiel, qu’il y avait probablement autre chose de supérieur à ma liberté qu’Il pourrait chercher à me donner et que j’étais pour le moment incapable d’apprécier. »
Certains ont dit que la sénatrice la plus médiatique était une femme froide, insensible, égoïste, hautaine : je pense, moi, qu’elle est d’une grande sensibilité, d’une grande générosité, d’une grande dignité et surtout qu’elle est profondément humaine.
Même le silence a une fin, aux éditions Gallimard : à lire absolument (les week-end et dans le TGV !). 690 pages, qui vont vous tenir en haleine du début à la fin !
©BankingBum / Tobin Titus