Ce mercredi 3 novembre, le célèbre généticien Axel Kahn, répondant à l’invitation de la ville de Bordeaux, vient nous parler d’éthique dans la vie professionnelle.
Pour cet ancien Président de la Commission Nationale d’éthique, le sujet fait partie de ses thèmes de prédilection. Comment définir l’éthique ? Si l’on agit par esprit de sauvegarde, pour son plaisir, par habitude, on agit également selon des normes. Lorsque les lois n’ont pas statué, les juridictions essayent de se référer à d’autres valeurs. La référence au devoir est la référence à la déontologie Mais il y a de nombreuses situations, qui ne sont ni couvertes par la loi, ni couvertes par la déontologie : c’est le domaine de l’éthique. Qu’est-ce que l’éthique ? Pour Axel Kahn, même si l’éthique et la morale ont toutes deux les mêmes racines latines, il y a une différence entre les deux : l’éthique est la façon correcte d’agir, associée à des valeurs. Pour Aristote, c’est une morale de l’action. L’éthique n’est jamais simple. La question d’abréger les souffrances d’un patient pour un médecin est du domaine de l’éthique. La morale de la question est toujours de l’ordre des droits de l’homme. Existe-t-il des valeurs partagées permettant de traiter une question éthique ? C’est souvent relatif à une religion, à une période de l’histoire Peut-on se référer à des valeurs potentiellement universelles ? Oui, répond Axel Kahn, pour 2 raisons, biologique et historique. 1) Biologique Que faut-il pour épanouir une vie ? Un génome humain, qui nous permet de nous comprendre Mais cela ne suffit pas Si un jeune enfant est soustrait à son environnement familial pour être élevé par une communauté animale, un certain nombre de potentialités ne sera jamais développé chez lui… L’humanité commence donc à 2 individus Les qualités doivent exister pour faciliter les échanges : sans l’autre, je ne peux m’épanouir. Telle la bûche dans l’âtre, qui a besoin d’autres bûches pour brûler, j’ai besoin de l’autre pour m’embraser.
2) Historique La morale est la science du bien et du mal. Si la morale était relative, un texte ancien avec une culture très différente, nous serait inintelligible : hors, ce n’est pas le cas.
Axel Kahn nous fait revenir 4000 ans en arrière, lors du règne de Gilgamesh et d’Enkidou, premier réçit imaginaire connu de l’histoire de l’humanité. Rappelant l’histoire de Gilgamesh, un tyran régnant sur son peuple et d’Enkidou, créé par les dieux pour l’affronter, Axel Kahn constate que les notions de bien et de mal il y a 4 millénaires correspondent à nos propres notions contemporaines.
Ce qui fonde l’éthique, pour le généticien, est le principe de réciprocité : Cet autre peut revendiquer les valeurs que je revendique. A travers la réciprocité, on trouve les fondements de l’éthique. Lorsque j’agis, je suis conscient que je peux agir différemment, puisque je suis libre. Nous sommes ce que nous faisons. Le principe de justice est une conséquence du principe de réciprocité. Nous avons la capacité à penser les principes qui forment l’éthique. Le Bien peut être défini comme tout ce qui procède de l’exigence de réciprocité et qui préserve l’autonomie de l’autre. Le Mal : tout ce qui est contraire à cette exigence. L’injonction éthique devient simple à poser : je ne pourrai pas me déresponsabiliser d’une action. La Bienveillance, n’est-ce pas faire en sorte que dans mon action, je ne fasse pas perdre des chances à l’autre ? Ex : procès du docteur Bonnemaison. Selon Axel Kahn, le problème éthique n’a pas été posé. Il est face à des personnes en fin de vie. Le médecin a pour devoir d’éviter une douleur insupportable en lui gardant une certaine autonomie. On peut considérer que le docteur Bonnemaison évite une douleur insupportable à son patient en l’aidant à mourir, en revanche, il peut être critiqué sur le principe de l’autonomie. Le médecin ne peut considérer que la seule vie de son patient Autre exemple La situation des enfants grandement prématuré : par exemple, un enfant pesant 1 kilo-1,5 kg à la naissance. L’enfant respire de façon autonome, mais les lésions de son cerveau sont irréversibles… que faire ? Dans ce cas, le Comité National d’Ethique stipule que « le médecin doit prendre sa responsabilité », ce qui n’est pas vraiment explicite… Personne ne peut s’arroger du droit de vie ou de mort sur l’enfant, plus que ses parents. Il faut donc essayer de connaitre le sentiment des parents, sans le leur imposer… Axel Kahn évoque le cas d’un tel enfant, pesant 500 grammes à sa naissance, qui a pu être sauvé et qui est maintenant dans les premiers de sa classe… Autre exemple d’actualité: Volkswagen : il invente un logiciel pour biaiser le contrôle anti-pollution. Sa décision est prise librement. La loi a été violée, mais il y a également une question de responsabilité. Existe-t-il des références universelles à respecter, hors du cadre juridique ? Oui, répond Axel Kahn, car sinon il n’y aurait pas d’humanité.
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