Notre 3ème grand témoin du cycle Valoriser le capital humain Nantais* est le physicien de la complexité et philosophe Marc Halevy.
Spécialisé en physique théorique, il étudie pendant 10 ans aux Etats-Unis les systèmes et processus complexes avec le prix Nobel de chimie Ilya Prigogine, ce qui l’amènera à créer une entreprise spécialisée en gestion des situations complexes, notamment en management de crises.
Aujourd’hui, il partage son temps entre la recherche, l’écriture et les conférences.
Marc Halévy va s’employer à nous démontrer que nous vivons, en ce moment, une formidable mutation, telle qu’il n’en existe que tous les 550 ans !
L’univers est un organisme vivant, sur lesquels les méthodes analytiques ont peu de prise
L’entreprise n’est pas réductible à ses données comptables
Ex : capacité à avoir de l’imagination, de percevoir les besoins dans 15 ans, …
Idem pour l’univers
Le monde humain, depuis quelques décennies, est entré dans une zone de grande turbulence ; comment la physique de la complexité peut-elle nous aider ?
Dans les années 1970, de grandes ruptures changent les logiques de vie, par exemple:
Les historiens disent qu’il y a des cycles dans l’histoire
Ces ruptures majeures indiquent une mutation paradigmatique comme il s’en passe une tous les 550 ans en moyenne
Marc et son équipe de chercheurs ont beaucoup discuté avec les historiens pour reconnaître 3 ou 4 grands paradigmes :
Une zone de turbulence caractérise le passage d’un paradigme à un autre
Les sous-systèmes de régulation d’un paradigme sont ses institutions de pouvoir, qui ont pour mission d’en assurer la pérennité? Les nôtres (Etat central, institutions bancaires et boursières, universités, syndicats patronaux et ouvriers, média) sont toutes nées entre 1500 et 1550.
Elles disent : nous représentons la logique éternelle.
Il y a un divorce entre ces institutions et la société civile.
La presse répercute la vision du monde des institutions de pouvoir
L’économie réelle et les institutions économiques ont complètement divergé
Les institutions de pouvoir ne comprennent rien aux métamorphoses de l’économie réelle et à ses évolutions vers d’autres logiques non territoriales, non matérielles, non salariales,etc…
Dans tout système complexe, il peut y avoir des ruptures de logique interne. Il y a alors une logique avant et une logique après (ex : mariage, naissance, divorce), c’est ce qu’on appelle la bifurcation.
Dans le monde, la logique d’avant, ce sont: ressources limitées + ressources renouvelables répondent aux besoins de l’humanité.
Mais les besoins de l’humanité ont considérablement augmenté depuis le 19ème, avec l’expansion géographique, pas les ressources.
Les études ont démontré que les ressources renouvelables ne pourront pas satisfaire plus de 20% des besoins de la population mondiale actuelle, ce qui correspond à peu près à 2 Milliards de personnes, hors ressources non-renouvelables.
La seule issue est de faire drastiquement baisser la démographie humaine et de faire baisser la consommation de ressources par humain.
Marc Halévy définit 5 grandes ruptures :
1er défi : faire moins (quantitatif) mais mieux (qualitatif)
Aller vers la frugalité heureuse
Quelques exemples…
Travailler moins mais mieux : arrêter de faire à longueur de journée des choses qui ne servent à rien : une étude menée aux Etats-Unis a montré que 65% du temps de travail de 150 cadres sup d’IBM servait à alimenter… le système de contrôle interne, n’ayant aucune utilité !
Communiquer moins mais mieux
On est dans la techno numérique
Ce monde est fabuleux, mais il peut être dangereux, car l’impact du numérique est colossal du fait de sa puissance d’amplification.
Il faut arrêter de croire que l’innovation numérique n’existe que chez les GAFA, dans la Silicon Valley, qui ne produisent que du ludique.
Deux énormes révolutions sont liées au numérique :
Le rapport entre l’Homme et la technologie
Le problème n’est pas la montée des technologies au-dessus de l’homme, mais bien la descente de l’homme en-dessous de la technologie : la crétinisation de l’homme par le big-data qui manipule toutes les décisions humaines en matière d’achat, mais aussi en matière politique, assurantielle, médicale, fiscale, etc. (ex : virer les GAFA de nos ordinateurs !…)
2ème défi : face à la déculturation par le mauvais numérique, se libérer des technologies pour s’accomplir dans l’intelligence technologique.
On a les technologies mais pas leur bon mode d’emploi. Il faut s’atteler à développer de nouvelle méthodologie pour apprendre le bon usage des technologies. Par exemple : comment aider l’entreprise à aller vers beaucoup plus de frugalité ?…
Passer du modèle hiérarchique, pyramidal, qui ne fonctionne que dans un univers stable, tranquille et prédictible, à un modèle complexe : dosage subtil entre le modèle pyramidal et modèle réticulé (en réseau collaboratif).
3ème défi : aller développer l’autonomie des petites entuités au sein des réseaux fédérés par un beau projet commun. Il faut apprendre à fonctionner selon des logiques collaboratives : un problème local doit être résolu au niveau local par ceux auxquels il se pose ; c’est le principe de subsidiarité qu’il faut coupler avec un principe de solidarité
La logique économique industrielle issue de la révolution industrielle du 19ème siècle, est basée sur les principes de grande taille et de prix bas. Le facteur clé réside dans les économies d’échelle qui a induit une logique d’investissement et de financement qui a fait que le modèle industriel est devenu un modèle financiaro-industriel.
Mais, à la fin des années 1980, la finance qui, jusque là, était la servante de l’économie, a pris le dessus et a assujetti l’économie réelle à la finance spéculative, avec les délires et les crises boursiers que l’on sait
Parallèlement, pour faire encore baissé les prix de revient, à la même époque, les entreprises ont commencé à lésiner sur la qualité ; celle des processus, des matériaux, des matériels, des main-d’œuvre, etc.
Ces deux dérives ont induit une rupture fondamentale : la logique des prix bas se remplace par une logique de la meilleure valeur d’utilité.
Pour augmenter cette valeur d’utilité des produits et services, il faut injecter des ressources immatérielles : talents, compétences, savoir-faire, créativité, intelligence, …
Dans les investissement en ressources matérielles, les effets d’échelle sont importante et vitaux.
Mais dans les investissement en ressources immatérielles, il n’y a pas d’effet d’échelle
4ème défi : passer d’une économie de masse à la virtuosité professionnelle.
Donc passage d’une économie de masse et de prix à une économie des intelligences et de valeur d’utilité
Nous, Européens, entrons dans cette économie, pas les Américains
Pour développer une logique de virtuosité dans votre entreprise : aller voir les collaborateurs de terrain et demandez-leur : « que sais-tu faire qui est difficile à faire ? »
Si tu es le seul à savoir faire quelque chose chose, tu peux mettre les prix que tu veux.
5ème défi : face au vide de sens, s’accomplir dans la spiritualité, l’intériorité, l’éthique.
Passer de la réussite sociale à une logique de l’accomplissement de soi au service de ce qui nous dépasse ; proposer un projet collectif enthousiasmant.
Nous sommes actuellement dans une bifurcation, le moment où se croisent 2 courbes:
Ce moment arrive tous les 550 ans, profitons-en, c’est le moment de changer le monde !
En guise d’épilogue, voici quelques conseils tirés des discussions en s/groupes et avec Marc Halévy :
Demain, la logique financiaro-industrielle sera marginalisée et ne concernera plus qu’environ 20% des activités économiques (gros volumes et marges très faibles).
Le rôle du management : insuffler l’enthousiasme
Nicolas de Villiers, DG du Puy du Fou, a une belle formule pour parler de son entreprise : « Ici, tout est au service de l’œuvre »
L’extérieur et l’intérieur d’une entreprise doivent être en cohérence
Etre authentique
Grand défi du XXIème siècle : reconstruire notre rapport au temps
Un message sur la toile : 100 000 km/sec !!
Le temps de la communication est très faible, le temps de la réponse est long : le virtuose, lui, prend le temps !
Le temps gratuit est du temps utile
Construire sa vie comme une œuvre d’art
Avant les années 60, on était dans la frugalité : il faut ré-inventer la frugalité
Penser au client, oui, mais surtout à l’utilisateur final ; pas toujours facile
On va aller vers d’autres formes de collaboration que le salariat
43% des gens qui travaillent dans l’U Européenne n’ont pas de contrat d’emploi
Il ne colle plus avec la réalité
On va parler missions, multi-activités
Le cycle Valoriser le capital humain nantais est organisé par le CECA en partenariat avec DRO, Dirigeants Responsables de l’Ouest.
Photo by Kamil Pietrzak on Unsplash
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