Voici une liste d’une quinzaine de réflexions suite à des interventions de l’Université Hommes-Entreprises 2019, transmises par un Xavier Bedoret, senior advisor chez Engie, un habitué de notre Université Hommes-Entreprises:

Clément LEROYL’équilibre et le sens au service de la réussite
1. La situation d’équilibre n’est pas une situation figée, ce n’est pas de l’immobilisme. C’est le résultat de mouvements et d’ajustements permanents. La cybernétique (ou science des systèmes) étudie la combinaison des rétroactions permettant d’atteindre l’équilibre et l’harmonie des systèmes. Une manière efficace de faire évoluer les systèmes et les organisations est de provoquer leur déséquilibre.


Virginie DELALANDEChoisir son destin, une affaire de détermination
2. Développons une sensorialité plus large et plus riche que ce que la vue et l’ouïe nous apprennent. Nos sens peuvent nous tromper. « Parfois, je déconnecte mes appareils auditifs pour mieux sonder l’atmosphère ».


Francis CHOLLE – L’intelligence intuitive, la clé pour intégrer la complexité du monde actuel
3. L’entreprise d’aujourd’hui est encore organisée selon un mode tayloriste. Elle exige la présence simultanée et en un même lieu des travailleurs, rangés sur une ligne de production, appliquant des processus linéaires, alors que la plupart des métiers de service d’aujourd’hui sont immatériels et conçus en réseau.
4. Quand on considère que la planète est en danger, c’est principalement la manière dont se comportent les humains qui pose question. La nature n’est pas un sujet mais un objet du changement. Le changement passera par l’éducation des humains, leur capacité à vivre ensemble et les programmes politiques qu’ils se fixent.
5. Si j’entre totalement dans l’action en vivant intensément l’événement, j’atteins de meilleures performances que si j’ai les yeux fixés sur le tableau de bord. Cette attitude va à l’encontre du principe managérial bien connu selon lequel « on n’améliore que ce que l’on mesure » (R. Quinn, VP Quality de Sears).
6. Notre culture occidentale, très performante quant au développement des moyens et des techniques, nous a écartés de la nature qui est en nous et autour de nous.
7. « Non, non, vous ne pensez pas. Vous n’êtes que logique ». Pourquoi nous contraignons-nous dans notre vie professionnelle à une pensée binaire, linéaire et logique et nous évadons-nous avec passion et émotion dans des activités personnelles telles que le sport, la méditation, la cuisine, la peinture, l’amour … aux antipodes de la rationalité ?


Matthew B. CRAWFORD – Eloge du carburateur. Quel sens, quelles valeurs dans le travail ?
8. Evitons collectivement d’introduire l’avidité et la cupidité dans les systèmes que nous développons. Soyons leaders d’opinion et mettons les systèmes et les techniques au service de l’homme. Ne soyons pas les prédateurs de nos voisins.
9. Dans le développement des technologies, faisons la distinction entre les techniques qui sont créatrices de valeur et celles qui procèdent à un simple transfert de valeur au profit de quelques-uns.
10. Soyons promoteurs de la « biodiversité intellectuelle » et culturelle autant que naturelle. La paupérisation des modes de pensée résultant de l’interconnexion médiatique et de l’immédiateté doit nous préoccuper autant que l’extinction des espèces animales.
11. L’Occident a connu un progrès important dans le domaine des technologies de la communication. On s’amuse, on s’excite avec des outils. Il faut, néanmoins, revenir sur le sujet du contenu. L’étourdissement généré par l’accès direct à l’information nous a détourné de la question du contenu et de la finalité.
12. L’entreprise est allée plus loin que les Etats en matière de réglementation. Non seulement, elle impose des politiques et des règlements à destination de ses salariés, mais elle leur dicte les process à pratiquer. La réflexion sur le sens et la manière de faire est remplacée par l’exécution disciplinée d’un mode opératoire bien réfléchi.


Julia de FUNES – Le bonheur au travail, mythe ou réalité?

13. Non à l’infantilisation de la relation professionnelle. Je ne suis pas une gamine que l’on convainc avec un plateau de crocodiles ou de tagada Haribo, un babyfoot dans le couloir ou un plateau de pommes vertes à la réception. Mon bonheur est une affaire personnelle.
14. L’action implique plusieurs choses : une prise de risque, l’appel à l’intuition, un sens et la confiance : (1) Ne pas prendre de risque conduit à recommander à tout le monde de rester couché plutôt que de se lever le matin ; (2) L’intuition fait appel à la perception et à l’expérience vs la réaction mécanique ; (3) Le sens est extatique. Le sens de quelque chose (par exemple, le travail) ne peut se trouver qu’en dehors de l’acte lui-même. Le sens est un facteur extérieur qui justifie et enrichit l’action ; (4) la confiance est un acte unilatéral et gratuit. C’est un pari « cum fides » sur quelqu’un.
15. L’expérience de Milgram (1963) sur la soumission indique que l’esprit de l’humain est engourdi s’il ne se pose pas régulièrement la question « Pourquoi je fais ça ? ». Ne devons-nous pas régulièrement agir avec impertinence, rébellion, voire désobéissance ?
16. Le « droit de savoir » doit être associé à la « possibilité de comprendre ». Notre monde a promu la transparence et l’immédiateté. Or, la compréhension suppose la contextualisation, la réflexion et la prise de distance. Le droit de savoir ne doit-il pas être associé au devoir d’éducation ?

crédits photos: Jean-Marie Laugery

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